Depuis quelques mois, j’ai cette réflexion suivant laquelle nous sommes tous et chacun à la tête d’un empire extrêmement complexe, composé de milliards d’employés, tous dédiés à un unique but, nous servir.
C’est en écoutant une émission qui parlait des croyances sur ce qui se passe après la mort que j’ai eu ce flash.
Une personne disait que toutes les cellules qui ont travaillé ensembles à nous faire respirer et vivre, nous, cet être humain unique que nous sommes, vivaient un deuil et se disaient adieu avec nostalgie lorsque notre corps rendait l’âme.
J’aime vraiment cette image des organes/composantes du corps qui communiquent entre eux/elles et se disent :
– Hey, tu vas me manquer !
– Toi aussi! On a bien travaillé hein? Sophie a été un bon projet. Mais fallait s’y attendre, 100 ans, c’est pas mal le max qu’on pouvait faire !
Et alors que je me décompose (moins belle image), ces milliards de cellules se recomposent ailleurs pour former un autre projet, que ce soit un arbre ou je ne sais quoi. (Je vous jure que je n’ai rien fumé !)
Cette image se juxtapose à l’idée que nous sommes maîtres de nos choix . En thérapie, j’ai déjà fait un exercice intéressant : un C.A. imaginaire avec les multiples facettes de ma personnalité.
Simulation de mes versions de moi même en réunion :
– la boss un peu sèche : bon là faut remettre de l’ordre ici. La gourmande pourrait peut-être slaquer sur les chips à minuit le soir!
– la sensible gênée : je suis pas gourmande! je suis sensible! Et si on prenait plus soin de moi peut être que je clancherais pas le pot de crème glacée !
– la bienveillante : hey boss, tu sens pas que t’es un peu à pic? Il est peut être temps que tu prennes une pause et que tu fasses de la place à la sensible, non?
Je vous jure que tout ce beau monde s’entend très bien!
Cette idée d’être à la tête d’un empire, je l’ai ressentie profondément pendant une récente séance de yoga.
Mon prof, Antoine, nous exhorte continuellement à revenir à nos sensations plutôt que de mettre le focus sur une « belle posture » ou «plus plus de flexibilité ». Le yoga, ce n’est pas du stretching, c’est le retour à soi, et ça prend de la bienveillance envers notre corps pour en tirer de réels bénéfice. Et aussi …beaucoup de conscience! Surtout quand il dit:
« Laissez la peau du tibia remonter doucement vers le genou … pendant que votre cuisse se place en rotation externe ».
Hein?
Pendant que je prenais la position de l’arbre un mercredi matin, j’ai eu une pensée pour tous ces hommes et femmes qui croient bâtir des empires importants avec leurs parcs d’immeubles, leurs portfolios de photos ou d’actions et leurs industries qu’elles soient florissantes ou polluantes.
Ils finissent tous par se soucier d’un seul empire; leur corps, cet effort commun de milliards de cellules, qui les maintient en vie jusqu’à la dernière seconde. Ils arrivent parfois en retard à ce rendez-vous avec leur plus importante entreprise alors que leur femme de ménage de 92 ans, elle, pète le feu.
Ceci étant dit, j’ai beau en avoir un peu conscience, je ne suis pas la meilleure gestionnaire de « mon empire ». Mis à part ces instants de douceur au yoga, les quelques heures de sommeils et câlins que je lui procure, mon empire, je le néglige à coups d’alcool, de sucre, de gras, de soucis inutiles, et bien sûr trop avec beaucoup trop d’écran.
Mais je suis fière d’être à la tête de cet empire, de ce miracle qu’est la vie humaine. Aucun échec ne peut ou pourra m’enlever ce privilège. Que je sois héros ou zéro, lue ou ignorée, vue ou invisible, aimée ou détestée par les autres, je suis propriétaire de ce corps et c’est moi qui décide comment j’en prends soin. Yeah!
Il paraît que certains moines bouddhistes commencent toujours leur pratique méditative avec la phrase suivante :
« Cette vie est précieuse.»
Que c’est donc vrai.
Je tiens à remercier les milliards de cellules et les quelques neurones qui ont contribué à l’écriture de cet article.