Une journée de pur bonheur (ou presque) entre amies à barboter, papoter et relaxer, c’est une expérience à réitérer.
Par Sylvie Poirier
Mon fils m’a offert une carte-cadeau du Strom Spa de l’île des sœurs à Noël, et mon amie Anik en a reçu une de ses collègues de bureau. Dix mois plus tard, au retour de son incroyable voyage en Australie et en Indonésie, on a décidé de se mouiller et de passer notre vendredi au Jacuzzi. La journée promettait d’être vivifiante, réconfortante et peut-être aussi un peu ébouriffante. D’abord, il faut savoir que mes amies les Triplettes, Anik, Caroline, Brigitte, et moi-même (la quadrature du cercle), avons l’habitude de nous perdre dès que nous franchissons un pont pour une escapade quelconque.
La raison? On jase, on jase… Vous ne serez donc pas étonnés d’apprendre qu’Anik et moi avons raté la sortie 5, direction l’Île-des-Sœurs et que les détours imposés par les nombreux travaux de réfection nous ont confondues. Après 45 minutes à errer entre les cônes orange, à revoir les mêmes intersections (même notre copine Catherine GPS avait perdu le nord) et à saluer le même policier, on s’est retrouvées sur l’Île… Coup de chance.
À nous le Spa!
Les jeunes réceptionnistes, pas particulièrement avenantes, nous accueillent. Anik cherche sa carte, farfouille dans son sac, dans ses poches, dans son sac… Elle ne la trouve plus. Après une heure à appeler les gentils donateurs, sans obtenir de réponse, elle décide de payer le forfait. Bracelets, peignoirs et serviettes sous le bras, nous visons le vestiaire. C’est alors qu’Anik se demande si elle peut se faire rembourser après avoir retrouvé l’objet de notre «stressomètre» grimpant. Retour à la réception, pas de réponse claire… Tant pis, vestiaire, nous voici!
Tout est propre, calme et annonciateur de détente. Aussitôt sur le site extérieur du spa, nos sourires en disent long. Bien que les chaises, les bains et les saunas débordent de peignoirs blancs et de maillots détonants, on garde le cap: désintégrer les tensions accumulées. Par cette splendide journée chaude, ensoleillée et teintée des premières couleurs d’automne, on se dirige vers le feu joyeux, au centre de tous les aménagements. Assise face au fleuve, j’ouvre mon roman, le dépose, et profite de la vue magnifique.
Anik opte pour le premier bain à remous. J’avoue que me faire baratter en compagnie d’une confrérie de bactéries (dont la détestable et indésirable p. aeruginosa) ne m’inspire pas tant que ça. Je sais, la plupart des spas publics respectent les normes de l’INSPQ (Institut national de la santé public du Québec), mais ce bouillon de cultures ratatine mon désir d’hydrothérapie. Au bout d’une heure, je finis par patauger dans la baignoire remuante, me concentrant sur les bienfaits des sources chaudes, et surtout, surtout, sur la conversation avec mon amie.
Puis direction le sauna finlandais ou le comble du masochisme: être heureuse d’avoir des chaleurs. Un lointain son de canard me rappelle que nous sommes au bord de l’eau. Mais non, c’est mon cellulaire qui me cancane un texto… Je lui ferme le clapet, et rebelote, bain tourbillon, délectation, discussion. C’est l’heure de notre massage de détente. Tout est parfait, sauf peut-être les cinq premières minutes, où ma divine pétrisseuse décide de me parler avec une voix d’outre-tombe. Pas nécessaire.
Complètement détendue, je savoure ma tisane chaude et retrouve mon amie devant une cascade frétillante. Le soir tombe doucement, les couleurs de feu embrasent le ciel et nous mangeons en discutant fougueusement. Une lune, bien dodue et rouge de bonheur, achève de nous méduser. J’affirme haut et fort que rien ne vaut une journée au spa avec une amie (et quelques paramécies)…
Au moment de payer notre repas, il est 21 h, Anik rappelle son collègue qui souffre d’amnésie partielle. Les deux jeunes femmes au comptoir sont dégourdies, sympas et très efficaces. On m’avise que ma carte-cadeau a été utilisée par deux personnes inconnues au bataillon. «Impossible!», que je dis. Ah, le code était erroné, tout est beau. Ouf !
Fin de la journée à multiples petits remous.